Budget retoqué, ministre limogé… A peine élue, la nouvelle première ministre britannique semble raté son début de mandat. De quoi prévoir des jours sombre dans le pays de la défunte reine Elizabeth II ?
Un mois très largement dans le rouge pour Liz Truss
- Le projet de budget présenté le mois dernier par l’administration de Liz Truss a provoqué la panique sur les marchés financiers.
- La panique a été tellement violente sur les marchés que la première ministre a multiplié les voltes-faces ;
- La dernière décision de L. Truss fut assez violente : le limogeage du ministre des Finances et son ami Kwasi Kwarteng.
Elue le 5 septembre dernier après la démission de Boris Johnson, la nouvelle première ministre Liz Truss a complètement ratée son entrée politique. Critiquée de toute part et notamment au sein de sa majorité ainsi que par des acteurs économiques majeurs en Angleterre et à l’étranger. Déjà sur la sellette, Mme Truss tente depuis quelques jours de sauver la face, notamment avec de nombreuses annonces. La plus violente étant sans doute le limogeage de son premier ministre, Mr Kwasi Kwarteng.
A l’origine de la débâcle, le « Mini-Budget »
Tout commence donc le 23 septembre. Juste après le statu-quo lié au décès de la reine Elisabeth II, le gouvernement Truss annonce via son néo-ministre des finances (K. Kwarteng) un budget censé sortir le pays de la crise inflationniste dans laquelle elle s’est embourbée.
Ce « Mini-Budget », basé essentiellement sur le gel des prix de l’énergie tant pour les particuliers que pour les professionnels ainsi qu’une baisse d’impôts de plusieurs milliards de dollars (notamment pour les plus aisés) a provoqué un affolement des marchés financiers.
En effet, dès le lendemain, à l’ouverture des marchés financiers, la livre sterling s’est vue plonger à un plus bas historique pour se rapprocher du dollar. Parallèlement, les taux d’emprunts s’envolent et atteignent les niveaux que l’on avaient plus vus depuis la crise financière de 2008.
Une situation alarmante qui a obligé la Banque d’Angleterre d’intervenir sur le marché obligataire en acquérant pour 65 milliards de livres sterling d’obligations gouvernementales pour 10, 20 et 30 ans. L’institution pointant un « risque important pour la stabilité financière du Royaume-Uni« .
Avertissement du FMI
Fait assez rare méritant d’être signalé, le Fonds Monétaire International (FMI) a publié un communiqué au ton assez ferme. L’institution avertissant qu’elle « surveillait attentivement » la situation au Royaume-Uni, et qu’elle ne préconisait pas de prendre des « mesures budgétaires importantes non financées », et ce afin d’éviter que « la politique budgétaire ne barre la route à la politique monétaire ».
« Le budget du 23 novembre présente une opportunité pour le gouvernement britannique de […] réévaluer ses mesures fiscales, particulièrement celles qui visent les revenus les plus élevés », qui risquent« d’accroître les inégalités »
FMI
Séries de réponses en volte-face pour Liz Truss
Face à cette levée de boucliers, la première ministre a du renoncer à la suppression de la tranche d’imposition à 45% pour les contribuables les plus aisés.
Quelques jours plus tard, c’est un nouvelle bataille en retraite… créant à nouveau confusion et doutes sur la politique opérée: Liz Truss annonce qu’elle exclurait toute réduction des dépenses publiques devant les députés, tout en promettant de conserver les baisses d’impôts prévues.
Ensuite, c’est l’éviction de Kwasi Kwarteng, ultime tentative de Liz Truss pour inverser la tendance qui est appliquée. Cet évènement s’accompagne d’une série de petites concessions. La plus importante étant sa promesse de faire baisser l’impôt sur les sociétés de 25 à 19% qui tombe à l’eau.