Alors que la crise immobilière frappe durement le secteur en Chine, de nombreux acquéreurs se retrouvent dans une situation difficile, incapables de voir aboutir leurs projets d’achat de logements. Parmi eux, Gao Zhuang, ouvrier de 49 ans, avait investi presque toutes ses économies dans un appartement neuf destiné à son fils à Zhengzhou, au centre du pays. Cependant, le chantier est resté à l’arrêt pendant quatre longues années, le poussant à prendre une décision radicale : ne plus rembourser son prêt immobilier.
Un phénomène de grève des traites mensuelles a rapidement gagné du terrain l’été dernier à travers tout le pays, tandis que les problèmes dans l’immobilier devenaient de plus en plus préoccupants. Les autorités chinoises avaient décidé de mettre fin à l’emprunt excessif et à la spéculation en 2020, ce qui a entraîné une crise financière pour de nombreux promoteurs et un tarissement de la demande en logements, aggravé par la pandémie de coronavirus.
La crise immobilière s’est propagée à grande échelle, mettant en lumière la situation difficile de certaines entreprises du secteur, notamment le géant Evergrande qui a frôlé la faillite avant d’annoncer un plan de restructuration. Cependant, la situation est également alarmante pour les acquéreurs qui se retrouvent avec des chantiers inachevés, des logements de mauvaise qualité et peu de recours face à la justice.
Des chantiers inachevés et une qualité douteuse
Dans le cas de Gao Zhuang, le promoteur Henan Jin’en Immobilier, chargé de la construction de l’appartement de son fils, n’est pas coté en Bourse, rendant difficile d’évaluer sa situation financière réelle. Au sein du lotissement où devait être situé l’appartement, de nombreux autres logements restent également inachevés, et les acquéreurs se plaignent de la mauvaise qualité de certaines constructions déjà réalisées. Des journalistes de l’AFP ont notamment constaté des murs extérieurs qui s’effritaient et des fils électriques apparents.
Devant l’impossibilité de recourir à la justice pour obtenir réparation, de nombreux acquéreurs ont opté pour la grève des paiements mensuels. Cette décision a rapidement inquiété le gouvernement chinois, qui tente de trouver des solutions pour soutenir le secteur immobilier. Des mesures ont été prises, telles que la réduction des taux hypothécaires, l’allègement des formalités administratives et l’octroi de prêts supplémentaires aux promoteurs. Cependant, les analystes préviennent que la marge de manœuvre est limitée, car le surendettement menace à la fois les promoteurs détenus par l’État et les finances des villes.
Des acquéreurs découragés et méfiants
Face à cette situation délicate, de nombreux acquéreurs, comme M. Wang, âgé de 24 ans, sont désabusés et méfiants quant aux promesses de leurs promoteurs. M. Wang avait investi dans la construction d’un appartement à Ningbo, mais le chantier a été interrompu quelques mois après la signature du contrat. Malgré des appels du promoteur lui assurant que l’appartement serait bientôt achevé, il ne croit plus en ces affirmations et affirme qu’il n’achètera plus jamais de bien immobilier en construction.
Le gouvernement chinois, soucieux de maintenir la stabilité sociale, tente de maîtriser la situation en faisant taire les plaintes des acquéreurs concernant les logements inachevés. Des agents officiels contactent certains acquéreurs pour les dissuader de s’exprimer dans les médias ou de signer des pétitions adressées au gouvernement. Certains ont même reçu des appels de la police et craignent d’être surveillés dans leurs discussions privées sur les réseaux sociaux.
La crise immobilière en Chine continue donc de faire des vagues et pose un défi complexe pour les autorités, qui cherchent à résoudre cette situation préoccupante tout en maintenant la stabilité sociale du pays. Cependant, la confiance des acquéreurs a été sérieusement ébranlée, ce qui complique encore davantage la résolution de cette crise qui perdure.